17 juillet 2012
Extraits de Neill A., Libres enfants de Summerhill,
La Découverte :
Le rôle de l’enfant, c’est de vivre sa propre vie – et non celle qu’envisagent
ses parents anxieux, ni celle que proposent les éducateurs comme la meilleure.
L’enfant façonné, conditionné, discipliné, refoulé, l’enfant prisonnier dont
le nom est Légion vit dans tous les coins du monde. Il habite dans notre ville,
juste de l’autre côté de la rue. Il est assis devant un pupitre ennuyeux,
dans une école ennuyeuse, et, plus tard, il est assis devant un bureau
plus ennuyeux encore, dans quelque entreprise, ou bien il travaille à la
chaîne dans une usine. Il est docile, prêt à obéir à toute autorité,
fanatique dans son désir d’être normal, conventionnel, correct, et il craint
les critiques. Il accepte ce qu’on lui a enseigné, sans jamais se poser de
questions, et il passe à ses enfants tous ses complexes,toutes ses peurs
et toutes ses frustrations.
La récompense ne présente pas le danger extrême de la punition, cependant
elle sape le moral de l’enfant d’une façon plus subtile. Offrir un prix en
récompense d’un acte revient à dire que cet acte n’a aucune valeur en lui-même.
L’enfant nouvellement né amène avec lui un élan vital : sa volonté et son besoin
inconscient de vivre. Son élan vital le pousse à manger, à explorer son corps, à
satisfaire ses désirs. Il agit comme la nature demande qu’il le fasse, comme
il a été créé pour le faire. Mais pour l’adulte, la volonté de la nature, c’est la
volont du mal.
Pratiquement chaque adulte est persuadé que la nature de l’enfant doit être
améliorée. Partant de là, tous les parents se mettent en demeure d’apprendre
à vivre à l’enfant. L’enfant se heurte bientôt à tout un système de prohibitions.
Ceci est vilain, cela est sale, telle et telle chose sont égoïstes.
La voie primordiale de l’élan vital naturel de l’enfant entre en collision avec
celle de l’instruction.
Nous haïssons chez les autres ce que nous haïssons en nous-mêmes.
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