Déclaration d'amour....
Une amie m'a envoyé ça, j'en ai eu les larmes aux yeux...Encore heureux que je ne suis pas enceinte sinon j'aurais fait la madeleine!!
"Si tu veux tu peux mettre ça sur ton blog:
MOI et J, J et MOI
J n'est pas ma fille, J n'est pas ma nièce. J n'est même pas de ma famille.
Pourtant J est en quelque sorte mon premier enfant.
Lorsque j'ai rencontré Madame Caillou c'était une jeune femme sympa, extravertie, bobo et pas encore hippie/ecolo/bio comme je la qualifie aujourd'hui. Elle portait des chaussures Gucci, son khol Guerlain, ses bracelets en argent... bien loin de la wondermum d'aujourd'hui. Bref je ne l'imaginais pas du tout en femme au foyer, mère de famille nombreuse qui plus est, et elle non plus d'ailleurs.
Et puis un jour, après une période de quelques mois sans se voir, je la découvre le ventre rond. Quelques semaines plus tard J était là et je tenais ce petit bout dans mes bras. Bien maladroite même si je me souvenais un peu de ce qu'il convenait de faire, ayant eu une petite soeur à l'age de 15 ans.
Ma mère n'avait pas allaité et il me paraissait normal que MamanCaillou lui donne le biberon. Normal quoi...
Et puis J a grandi. Je l'ai gardée, chez eux, chez moi... Nul part un enfant n'est à l'abri d'un accident, mais avec le bol qui me va si bien, c'est tout de même chez moi qu'elle s'est fait le GROS BOBO. Enfant en chaussettes + parquet + coin de chaise = arcade en sang.
Et qui dit sang près de l'oeil dit grosse grosse frayeur, et grosse grosse culpabilité.
Je n'arrêtais pas de demander pardon à PapaCaillou dans la voiture. Alors hôpital, urgences, petite puce qui a mal et moi qui revis une scène de ma propre vie en échangeant les rôles:
moi en morceaux et mon père qui s'excuse auprès de ma mère "pardon j'ai cabossé les filles, pardon..."
Alors que bon, un accident c'est rarement fait exprès et rarement prévisible, mais bizarrement on culpabilise.
Finalement je n'ai plus jamais gardé J.
Et puis MamanCaillou a cherché une crèche, mais pas n'importe laquelle: Montessori Madame ! _ MontessoQuoi ? encore un truc de bobo ça !
Alors elle m'a expliqué et j'ai découvert qu'il y a d'autres sortes d'écoles en dehors de l'école publique laïque et l'école privée catho.
J était assez dure à élever. Très vive mais aussi très têtue. Alors elle a "reçu" comme on dit: des fessées, des cris, des punitions, des négociations (tu obéis = une récompense) des menaces ( Aaaah ! le célèbre "Sinon ! ") des chantages affectifs... bref la panoplie de l'éducation traditionnelle française.
Mais force est de constater que plus tu es dure avec elle, plus elle s'endurcie. Et le serpent se mordit joyeusement la queue, et MamanCaillou péta fortement les plombs.
Alors, ils déménagèrent et quittèrent la ville...
La campaaaagne !!! les vaches, les tracteurs, je connais, et c'est vraiment la loose. Je me disais qu'elle ne tiendrait pas 6 mois (et elle en était pas sure non plus) Et puis finalement ils ne sont jamais revenus. Alors j'ai fait des kilomètres. Comme quoi sans m'en rendre compte cette famille est devenue la mienne.
J s'adapte mais voilà un nouveau boulversement: MamanCaillou est de nouveau enceinte !! Alors là c'est le pompom ! Je me dis déjà qu'elle s'en sort pas avec une, qu'est-ce que ça va être avec deux ??
Mais la famille Caillou est déjà sur une nouvelle piste pour J: on ne donne plus de fessées ou presque, moi si. Je deviens la mère fouettard de la famille : "attention les filles si vous êtes pas sage L va venir vous mettre une fessée ! " J'en rigole, mais intérieurement je suis mortifiée. Non! je veux pas être la mère fouettard. Je me rend compte que j'ai la main leste, le "réflexe" facile, je tape plus vite que mon ombre, et surtout plus vite que la parole. Si je ne trouve plus les mots pour "contrôler" un enfant, je tape.C'est rapide, efficace, instantané et j'ai le sentiment d'avoir réglé le problème. Sauf que la petite me jette un regard noir, elle me déteste, et je lui fais peur. Le problème n'est pas réglé, elle n'a pas compris pourquoi elle est punie, et même si elle le sait parce qu'elle est intelligente et chipie, elle m'en veut, se braque, et recommencera rien que pour prouver qu'elle est plus dure que moi. Ça peut durer longtemps ce genre de face à face, même toute une vie.
Bref je prends conscience que les parents de J font progressivement un choix éducatif que je dois respecter et que je dois contrôler mes gestes. Après tout je n'ai aucun droit sur cette enfant, juste le DEVOIR de prendre soin d'elle et de lui rendre l'amour qu'elle me porte. Je commence aussi à m'interroger sur ce réflexe de la fessée qui m'est venu si naturellement, et il est évident que je reproduis ce que j'ai moi-même vécu. Alors bien sûr "ça n'a jamais tué personne..." mais ça on s'en fout ! On sait juste que cette méthode ne marche pas sur J. MamanCaillou et moi avons de grandes discussions sur ce sujet. Je lui oppose l'éducation que ma mère m'a donné à sa nouvelle lubie "non violente". Et la phrase qui tue sort de sa bouche: "Ta mère élève les enfants comme on élève un chien." Choc, mais également révélation: en effet c'est une analyse pertinente, d'autant que ma mère a toujours eu des chiens, qu'elle dresse très bien d'ailleurs, mais il y a véritablement des similitudes dans ses méthodes de dressage et d’éducation, et ce n'est pas forcément la meilleure façon de faire. Mais tant qu'à parler de ma mère, en voici une autre:
MamanCaillou est donc enceinte de K et doit l'annoncer à sa mère. Pour moi ma mère est un dragon, je laisse à MamanCaillou le soin de trouver une image animalière appropriée à coller au caractère de sa mère à cette époque de sa vie. Nous étions donc toutes les deux chez grand-mère Caillou qui, à l'annonce de la nouvelle grossesse, rétorque une de ces autres phrases qui tuent, à mettre au Panthéon des horreurs prononcées entre mères et filles:
" Je n'ai jamais été une grand-mère pour J, je n'en serai pas non plus une pour celui ou celle-ci."
Il se trouve que j'étais en forme ce jour-là, toujours en pleine guerre des nerfs avec ma propre mère (le dragon si vous avez bien suivi). J'ai donc regardé MamanCaillou et lui ai demandé franchement devant ladite grand-mère: "Mais dans ce cas, pourquoi tu lui demande son avis?" Elle me répond: " Je lui demande pas son avis, je l'informe." Et Plouf ! le joli pavé dans la marre, et grand-mère Caillou rouge vexée. Je ne sais pas où elle en sont aujourd'hui toutes les deux, mais j'aime à penser que j'ai participé à faire évoluer leur relation mère-fille. Enfin bref, J a bel et bien une grand-mère maternelle qui assume ce rôle avec plaisir aujourd'hui.
Quand à moi, j'ai grandi en même temps que J et ses petites soeurs. J'ai suivi le cheminement éducatif de la famille Caillou, ses nombreux essais, ses réussites et ses échecs. J a malheureusement essuyé les plâtres, et ce ne sera sans doute pas sans conséquences, car c'est le lot de tous les aînés d'une fratrie. Mais elle m'aura appris qu'on ne façonne pas un enfant, que moi aussi, même si je ne suis pas sa mère, ni sa tante, ni même quelqu'un de sa famille, j'ai le devoir de réfléchir à la manière dont je me comporte à son égard et que mes réflexes, mes acquis de l'enfance ne sont pas des vérités absolues.
Aujourd'hui c'est moi qui suis enceinte et j'ai envie de lui dire merci d'avoir été la première à m'avoir donné envie de devenir maman un jour.
Et quelle fierté pour moi de la voir dessiner et coudre et vouloir devenir styliste comme moi...
Je ne suis pas sa mère, je ne suis pas sa tata, je suis juste SA Laurine."
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